Réalité virtuelle et handicap : quelle compatibilité ?
Vous percevez sans doute la réalité virtuelle comme un simple support de jeux vidéo. Pourtant, en plus de connaître actuellement un essor dans l’industrie du divertissement, les casques VR sont utilisés dans les secteurs éducatif, touristique, artistique, mais aussi social et médical. Plus précisément, et aussi surprenant que cela puisse vous paraître, l’accompagnement aux personnes en situation de handicap figure parmi les multiples vocations de cette technologie. Mais de quelle manière ? Ce dispositif est-il réellement approprié ?
La réalité virtuelle (ou VR) en quelques lignes
À ne pas confondre avec la réalité augmentée, la réalité virtuelle permet de plonger l’utilisateur dans un environnement artificiel numérique en trois dimensions, observable à travers l’écran d’un « casque VR ». Cette immersion se fait à travers l’ouïe, la vue et parfois même le toucher. Plusieurs fonctionnalités sont alors possibles, allant de la simple promenade dans cet univers immatériel, à des simulations de vie ou de combat.
L’objectif : répondre à la situation actuelle du handicap
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, 135 millions d’Européens possèdent une forme d’invalidité, soit environ 18 %. En outre, près d’un tiers de ce pourcentage est exposé à un grand risque d’exclusion sociale. Ceci en raison d’un manque d’accessibilité numérique, de structures adaptées, ou de prise en considération. Mais depuis ces quelques dernières années, de nombreuses start-ups et entreprises ont vu dans la réalité virtuelle un moyen de pallier cette fracture sociale…
La question de l’accessibilité
Vous remarquerez certainement un premier blocage dans ce rapprochement entre réalité virtuelle et handicap : celui de l’accessibilité numérique. D’emblée, les supports de cette technologie ne semblent pas être adaptés à tout type de public. L’utilisateur doit faire de grands gestes, voire se déplacer dans la vie réelle pour que son avatar se meuve également. De plus, le casque VR mobilise principalement l’ouïe et la vision. En d’autres termes, les prérequis pour une utilisation optimale de ce dispositif semblent inaccessibles pour la portion de la population en situation d’invalidité physique, de surdité ou de cécité. Est-il donc trop optimiste de vouloir établir un lien entre réalité virtuelle et handicap ?
La réponse est non, car les développeurs cherchent constamment à optimiser l’accessibilité des appareils numériques. Plusieurs équipements visant à adapter l’univers de la réalité virtuelle aux différents handicaps ont alors vu le jour. À titre d’illustration, l’ensemble d’outils Seeing VR de Microsoft offre aux malvoyants une description auditive des visuels. Le logiciel WalkinVR, lui, permet par exemple de remplacer certains déplacements du corps par un simple mouvement de la manette. Ce type de solutions permet alors aux personnes à mobilité réduite de vivre des expériences hors de portée en temps réel, telles que gravir une montagne ou nager en mer. Quelques améliorations sont toutefois encore à prévoir, mais l’accessibilité ne devrait plus poser problème d’ici plusieurs années en continuant sur cette voie.
Au-delà de donner un accès équitable aux technologies, ces avancées sont capables de nous offrir une véritable expérience sociale avec une tout autre approche. La start-up française Bbird est à l’origine de Réalité, un outil de sensibilisation au handicap. L’objectif est simple : mettre les utilisateurs valides en situation d’invalidité, grâce à la réalité virtuelle. Les simulations disponibles comprennent la dyslexie, le daltonisme ou encore le trouble du spectre autistique. De plus, les retours très positifs démontrent que Bbird a bien saisi le rôle primordial de l’empathie dans les relations humaines.
L’inclusion sociale au prix de la santé ?
Le second aspect sujet à controverse est l’impact des supports de réalité virtuelle sur la santé. Leur utilisation peut, selon les médecins, avoir un effet néfaste sur l’être humain. En effet, inconfort visuel, nausées, perte de repères ou encore crise d’épilepsie constituent tous des risques liés à une immersion trop réaliste du cerveau dans un univers immatériel. Par conséquent, la réalité virtuelle pourrait représenter une source de danger supplémentaire pour des personnes déjà à risque, une contrepartie que ne devrait normalement pas avoir l’inclusion sociale.
Néanmoins, ces risques peuvent être fortement diminués en évitant simplement une utilisation trop prolongée des casques VR. Effectivement, les personnes souffrant des troubles évoqués précédemment avaient généralement adopté un usage abusif de cet outil. Les concepteurs d’Oculus, ou encore de HTC, recommandent une pause de quinze minutes toutes les demi-heures pour prévenir toute répercussion sur la santé. Utilisés de manière raisonnable, ces dispositifs ne devraient alors pas représenter un grand danger.
Un outil médical
En outre, la réalité virtuelle possède de réelles vertus médicales et thérapeutiques. Par exemple, les travaux de recherche actuels de la société ICEBERG ont pour objectif de soigner la paraplégie à l’aide de casques VR. Le processus de rééducation consiste à recréer le lien entre le cerveau et les muscles, en trompant le cerveau du patient grâce à une projection, en réalité virtuelle, de membres fonctionnels. De même, cette technologie est employée en thérapie, pour réduire les douleurs chroniques en permettant à l’esprit de se focaliser sur un autre élément que la souffrance.
Malgré quelques points portant à controverse, son accessibilité et ses programmes de sensibilisation rendent la réalité virtuelle compatible avec le handicap. De surcroît, elle pourrait bien gagner une place de plus en plus importante dans la recherche médicale et le traitement des infirmités et des troubles. Bien plus qu’un support de jeux vidéo, cette technologie ne cessera donc jamais de surprendre
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