Reconnaissance faciale : La fin de l’anonymat ?
Saviez-vous que Google dispose d’une fonctionnalité de recherche par image ? Plutôt que d’utiliser des mots clés, il est possible d’utiliser une image pour faire une recherche sur le web. Le moteur de recherche vous renverra alors des propositions similaires à celles que vous uploadez. Par exemple, si vous souhaitez connaitre la race d’un chien, il vous suffit d’entrer une photo du chien en question pour trouver l’information recherchée ! C’est ce que l’on appelle la « reconnaissance d’image », mais avez- vous déjà testé la reconnaissance faciale ? Cette technologie bien plus puissante signera-t-elle la fin de l’anonymat ?
La reconnaissance faciale, une technologie révolutionnaire
Pendant longtemps perçue comme de la science-fiction, la reconnaissance faciale a peu à peu pris une large place dans notre quotidien. Cette technologie, apparue il y a une vingtaine d’année, permet d’identifier une personne grâce aux traits de son visage. Elle peut être réalisée à partir d’une image ou d’un enregistrement vidéo. Le logiciel analyse les caractéristiques, formes et proportions des traits et contours du visage puis les compare aux images de sa base de données afin de reconnaitre l’individu.
Cette technologie est déjà omniprésente dans certains pays comme la Chine où la reconnaissance faciale permet de payer, d’ouvrir les portes des hôtels ou encore de verbaliser les piétons qui traversent lorsque le feu est rouge. En France la reconnaissance faciale fait débat : elle fascine mais pose des questions d’éthique quant au sujet de l’anonymat des individus. Elle s’immisce néanmoins peu à peu dans notre quotidien, notamment par le biais des téléphones portables avec la possibilité de déverrouiller son téléphone avec son visage et même d’effectuer des transactions.
Un outil performant au service des forces de l’ordre
En 2017, la startup NewYorkaise Clearview AI a lancé une application basée sur la reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle. Cette application, utilisée par le FBI et les agents de douanes, référence une multitude de données issues de réseaux sociaux comme Facebook, Youtube ou LinkedIn.
Cette application, au départ réservée uniquement aux forces de l’ordre, a permis de résoudre de nombreuses enquêtes. Jusqu’alors, les agents pouvaient uniquement identifier les individus ayant déjà eu affaire à la police. Aujourd’hui, grâce à cet outil, il est possible de retrouver n’importe qui à partir du moment où sa photo circule sur internet et bien plus encore puisque les résultats n’indiquent pas seulement le nom, mais aussi toutes les informations liées à la photo (profil LinkedIn, …).
Elle reste cependant très controversée. En effet, il semblerait que la startup ait autorisé l’accès à l’application à de riches investisseurs pour leur usage personnel. Elle a également été victime d’une faille de sécurité qui a entrainé un piratage informatique dévoilant l’ensemble de sa base de données (soit un stock de 3 milliards de visages et de données personnelles). Utilisée aux Etats-Unis et au Canada, cette technologie devrait peu à peu arriver en Europe. Le Royaume-Uni a d’ailleurs annoncé en janvier dernier que la police de Londres allait commencer à utiliser un système de reconnaissance faciale similaire (fourni par un groupe japonais) dans certains endroits pour identifier les criminels les plus dangereux.
La reconnaissance faciale et les moteurs de recherche
Les moteurs de recherche se sont, eux aussi, emparés du phénomène et deviennent de plus en plus performants. Pour le moment, Google propose uniquement la reconnaissance d’image mais ce n’est pas le cas de certains de ses concurrents étrangers comme Yandex, le moteur de recherche Russe.
Yandex va bien plus loin qu’une simple recherche par image. Ce moteur de recherche est capable d’effectuer de véritables reconnaissances faciales identiques à celles effectuées par le FBI. Il est possible, à partir d’une simple photo ou même d’une capture d’écran pixellisée de retrouver avec précision la personne présente sur l’image et ses réseaux sociaux (là où google se contenterait de proposer des images de personnes ressemblantes, avec la même coupe de cheveux ou la même tenue par exemple).
La fin de l’anonymat ?
Alors ces nouvelles avancées signeront-elles la fin de l’anonymat tel qu’on le connait aujourd’hui ? Il est encore trop tôt pour le savoir. Cependant, cela signifie que n’importe qui obtenant une photo de vous ou vous photographiant à votre insu est potentiellement capable de retrouver tous les sites sur lesquels vous apparaissez et ainsi avoir accès à votre nom, profession…
« Votre visage est public à partir du moment où il est affiché sur internet » s’est défendu l’avocat de la startup ClearView AI face à la preuve que leur base de données avait été crée à partir d’image récupérées sans le consentement de leur propriétaire. Une chose est sûre, ces nouvelles technologies nous pousseront probablement à faire plus attention à notre usage des réseaux sociaux.