Ecosia, Lilo : comment fonctionnent les moteurs de recherche écoresponsables ?
L’utilisation d’Internet représente près de 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus que le secteur du transport aérien. Ainsi, de nouveaux moteurs de recherche écoresponsables ont vu le jour, afin de réduire l’impact de cette pollution et de permettre aux internautes d’adopter une démarche plus écologique. Parmi eux se trouvent Ecosia et Lilo, qui possèdent respectivement 15 millions et 670 000 utilisateurs mensuels. En échange de quelques clics, ces entreprises apportent leur soutien à des projets environnementaux et sociaux : au total, c’est près de 120 millions d’arbres plantés pour Ecosia et 3,5 millions d’euros reversés à des associations pour Lilo.
Quel est le but d’un moteur de recherche écoresponsable ?
Ecosia, né en 2009 en Allemagne, se définit comme « le moteur de recherche qui plante des arbres ». En clair, pour chaque recherche effectuée sur Ecosia, un arbre fictif s’affiche sur un compteur en haut à droite de l’écran de l’utilisateur. Il faut compter environ 45 de ces icônes pour qu’un véritable arbre soit planté. Cette entreprise à but non lucratif soutient également des projets aux quatre coins du monde, tout en organisant des visites de terrain.
L’objectif de cette démarche est de cerner les problèmes spécifiques à chaque zone et d’y apporter une réponse adéquate, par exemple en y plantant l’espèce d’arbre la plus adaptée. Cela permet non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de lutter contre l’érosion des sols et de favoriser le dynamisme économique local. Son homologue français, Lilo, a été créé en 2015 avec pour but de soutenir des programmes solidaires : tous les mois, Lilo reverse 50 % de ses revenus à des centaines de projets.
Comment associer recherche internet et démarche écoresponsable ?
Plus en détail, Ecosia publie chaque mois son rapport d’activité. Celui de novembre 2019 indique des revenus à hauteur de 2,07 millions d’euros, dont 945 000 ont été reversés pour la plantation d’arbres. Le reste de cette somme a servi à couvrir les charges d’exploitation, dont les serveurs et les coûts salariaux, ainsi que les frais de publicité.
En réalité, le moteur de recherche ne dispose pas de son propre algorithme et réalise des économies en utilisant le Search Network de Microsoft. Cela lui donne alors accès à l’algorithme de Microsoft et à sa régie publicitaire déjà en place. De la sorte, Microsoft perçoit aussi un revenu à chaque clic qu’effectue un utilisateur d’Ecosia. Tandis qu’Ecosia reçoit un certain pourcentage de ce revenu. Le montant de cette donnée demeure confidentiel, mais reste apparemment suffisamment important pour financer l’organisme et la plantation d’arbres.
Les moteurs de recherche écoresponsables respectent-ils leur engagement ?
Puisque Ecosia dépend de Bing pour fournir des résultats de recherche, la question de l’utilisation des données personnelles se pose. L’entreprise affirme les supprimer au bout d’une semaine et ne les communiquer à aucun tiers, notamment à Microsoft. Sur ce point, Ecosia soutient également avoir passé un accord permettant à l’historique de recherche d’être anonymisé après quatre jours.
Mais comme tout ce qui est lié à Internet, Ecosia et Lilo produisent aussi des émissions de CO2, car dépendants des data centers. Les deux entreprises s’acquittent toutefois d’une compensation carbone. En d’autres termes, elles subventionnent des projets qui permettront de contrebalancer la pollution engendrée par leur taux d’émission de CO2.
Par ailleurs, la plantation d’arbres ne fait pas forcément consensus. Beaucoup dénoncent une guerre des chiffres faisant baisser le prix des arbres, au détriment d’une valorisation du travail de préservation des forêts. Dans le journal Les Échos, Jonathan Guyot, cofondateur de la communauté All4trees, le souligne : « Si vous ne financez que la partie reforestation, vous ne traitez pas les causes, vous n’améliorez pas les pratiques agricoles responsables de la déforestation. » Il soutient également que la plantation ne représente pas non plus une « solution miracle » contre le réchauffement climatique.
De plus, un autre point négatif reste le modèle économique reposant essentiellement sur la publicité adopté par ces entreprises, qui ne diffère donc pas réellement de celui des autres sociétés. Les organismes concernés affirment toutefois que davantage de publicités pour des marques écologiques et responsables seront mises en avant à l’avenir.
En fin de compte, Ecosia et Lilo ne constituent pas des démarches complètement écologiques, puisque cela demeure pour le moment impossible. Mais ils représentent au moins une démarche écoresponsable qui se traduit par des actions concrètes.
Pensés comme des alternatives écologiques et éthiques, ces moteurs de recherche ont cependant encore du mal à s’imposer face au géant Google. En 2018, la Commission européenne a par ailleurs infligé à l’entreprise une amende de 4,34 milliards d’euros pour ses pratiques anticoncurrentielles. En effet, Google faisait payer les entreprises désirant apparaître et être sélectionnables sur « l’écran de choix » du moteur de recherche par défaut lors de la configuration d’un appareil Android.
Enfin, si ces démarches écoresponsables vous intéressent et que vous souhaitez utiliser Internet de manière plus écologique, pensez également aux bienfaits du « dark mode ».