Localiser l’apprentissage en ligne : défis et processus
À l’ère de l’internet à haut débit et avec l’essor du télétravail, il est de plus en plus fréquent que les entreprises et les établissements scolaires proposent des formations et des cours en ligne à leurs employés ou à leurs étudiants. Selon Global Market Insights, le secteur de l’apprentissage en ligne devrait connaître une croissance annuelle de 8 % entre 2020 et 2026. En plus de contribuer à la réduction des coûts de l’éducation et de la formation, l’apprentissage en ligne est une solution très efficace. En effet, elle permet aux entreprises internationales d’atteindre un public plus large et plus diversifié, motivé par l’envie d’apprendre dans sa langue maternelle. Toutefois, le succès de ces entreprises dépendra de la réception de leurs contenus eLearning par leurs utilisateurs dans le monde. Et c’est là que la localisation de l’apprentissage en ligne entre en jeu !
L’adaptation culturelle en 3 étapes
La localisation de l’eLearning consiste à adapter et à personnaliser le contenu d’un cours en ligne à une culture et un lieu spécifique. La plupart des entreprises internationales et des établissements d’enseignement créent leurs cours en anglais, puis les localisent dans d’autres langues. Outre la traduction du contenu écrit en tant que tel, il existe d’autres types de contenu nécessitant une adaptation culturelle dans un cours en ligne. Ainsi, il faut déployer différents processus et outils, ayant leurs propres spécificités, pour s’assurer que le produit sera adapté au(x) public(s) cible(s).
La traduction du contenu textuel
La traduction et l’édition du contenu textuel forment généralement la première étape de l’adaptation d’un cours en ligne. De nombreux cours sont créés avec Adobe Flash et Captivate, Storyline, Lectora Inspire ou PowerPoint. Une fois que le contenu textuel est extrait du fichier source, le texte doit être préparé pour la traduction. L’utilisation d’un outil de TAO (Traduction Assistée par Ordinateur) tel que SDL Trados ou MemoQ est essentiel pour garantir la cohérence, la qualité et la rapidité du processus de traduction. En effet, grâce à la TAO, le chef de projet et son équipe disposent d’outils performants comme des mémoires de traduction, des glossaires et de puissantes fonctions d’assurance qualité.
Concernant le chef de projet, on ne peut sous-estimer l’importance de son rôle dans la première étape de l’adaptation culturelle. Avant même que le contenu ne soit envoyé à la traduction, il est nécessaire de compiler et partager de manière transparente et claire avec les traducteurs plusieurs éléments. Ces éléments sont les suivants : les instructions concernant la terminologie, les noms propres, le ton et les contraintes techniques (c’est-à-dire les limitations de caractères pour l’interface utilisateur, le contenu des boutons ou les décisions sur les systèmes de mesure).
Pour l’anecdote, la longueur des phrases augmente normalement de 10 à 30 % lors de la traduction de l’anglais vers l’allemand et le russe. En revanche, une traduction en chinois peut être plus courte de 20 %, voire de 50 % ! C’est ce qu’on appelle «l’expansion du texte».
Si le cours en ligne comporte un contenu multimédia (audio, vidéo et image devant être localisés), c’est le moment de le préparer. Le contenu audio doit être transcrit sous forme de script. De plus, s’il y a des éléments textuels dans les vidéos, il faut les extraire. Le contenu graphique doit également être extrait. Par la suite, celui-ci doit être traduit s’il n’est pas modifiable dans le cours en ligne source.
Localisation graphique et outils de PAO (Publication Assistée par Ordinateur)
Un cours en e-learning doit voir son aspect visuel, sa conception ainsi que son interface utilisateur graphique adaptés aux cultures ciblées.
L’aspect graphique et les animations web : Dans de nombreux cas, les cours en e-learning nécessitent l’interprétation de cartes, de schémas, de symboles, de graphiques, d’animations ou de photos. Si du contenu écrit se trouve à l’intérieur de ces éléments graphiques, le contenu traduit doit être intégré dans les graphismes cibles. De cette façon, le message sera bien interprété par l’e-learner. Si l’élément ne peut pas être édité directement dans le fichier du cours en e-learning, des logiciels tels qu’Adobe Illustrator, Photoshop et Flash s’avèrent très utiles.
Les couleurs : Les couleurs utilisées dans la conception du cours et dans les éléments visuels doivent être en accord avec les exigences culturelles d’un lieu spécifique. Par exemple, le bleu, considéré comme une couleur neutre dans de nombreux pays, est perçu comme une couleur féminine en Chine et en Belgique. Aux États-Unis, il est considéré comme une couleur masculine. En Europe et dans les pays occidentaux, le violet est associé à la royauté. Enfin, au Brésil il est associé à la mort et au deuil !
Les boutons de navigation et les zones de texte : Les boutons de navigation tels qu’ Envoyer, Terminé ou Suivant sont couramment utilisés dans les cours en ligne en raison de leurs caractéristiques interactives. Cet aspect doit faire l’objet d’une attention particulière dès l’étape de préparation de la traduction. En effet, certaines langues nécessitent plus d’espace que d’autres. Ce petit détail peut avoir un impact sur l’expérience de l’utilisateur du cours ainsi que sur les performances de l’e-learner.
Une fois la traduction intégrée dans le fichier cible, l’équipe de conception procéde à tous les ajustements graphiques et visuels :
- L’agrandissement ou le rétrécissement des zones de texte
- Le réglage des boutons et des images
- Le changement des polices et des styles de texte, notamment pour les langues asiatiques
- L’adaptation de l’ordre du contenu pour les langues qui se lisent de droite à gauche telles que l’arabe et l’hébreu
Toutes ces étapes font partie de la phase de la Publication Assistée par Ordinateur (PAO). Cette étape est essentielle lors du processus de localisation de l’e-learning et lorsque le cours localisé commence à prendre forme.
Localisation vidéo et audio
De nombreux cours en e-learning intègrent une vidéo et/ou un élément audio dans le fichier. La localisation vidéo et audio est une étape cruciale dans le processus d’adaptation culturelle. Elle nécessite des compétences spécifiques dans le montage des images et des animations dans les fichiers vidéo. Des logiciels tels que Adobe Premiere Pro et After Effects sont utilisés pour localiser ces vidéos. En ce qui concerne la localisation audio dans les fichiers vidéo, il existe deux scénarios possibles variables en fonction de la manière dont le contenu e-learning a été créé ainsi que du choix du client :
– La Voix-off : un script est traduit et envoyé à un doubleur. Ce dernier enregistre les fichiers audios dans un studio, en utilisant le ton et la vitesse appropriée. Le contenu audio est conçu et intégré dans le fichier vidéo ou directement dans le fichier du cours e-learning.
– Le sous-titrage : en comparaison à la voix off, c’est une alternative moins coûteuse et plus rapide. Le contenu du script est traduit et les sous-titres sont insérés et synchronisés dans la vidéo.
Tests et assurance qualité
En complément des contrôles d’assurance qualité effectués à la fin de chaque sous-étape du processus de localisation, une vérification finale (connue sous la forme d’un «run-through» ou d’une simulation de l’expérience du cours en e-learning) permettra de s’assurer que le produit final ne présente aucun problème de contenu ou de format. Cette vérification implique d’organiser tous les fichiers localisés (fichier e-learning cible, graphismes, audios, vidéos, etc). Il faut également produire et/ou exporter le fichier e-learning localisé final. Ensuite, il faut vérifier que tous les liens et éléments interactifs fonctionnent et que le contenu a été correctement compilé. Il est nécessaire de contrôler en parallèle le cours source. Ainsi, tout le travail effectué de manière cohérente pourra être contrôlé et aucun contenu n’aura été laissé de côté !
Et voilà ! Le cours en e-learning localisé est fin prêt et peut être utilisé par tous les e-learners du monde entier !
Cet article a été rédigé par João Pedro Antunes, ancien étudiant, intervenant en Master CAWEB.