Traduction Automatique des Langues : Quel avenir pour les métiers de la traduction ?
Les métiers de la traduction font sans doute partie des corps de métiers qui bénéficient d’une des visions les plus défaitistes de la part de l’opinion publique ces dernières années. Mais dans les faits, qu’en est-il réellement ?
Traducteur : un métier condamné à disparaître ?
« À quoi bon devenir traducteur ? Dans quelques années, il n’y en aura plus. » Nombre de personnes s’étant récemment lancées dans le périple des formations à la traduction ont été confrontées à ce type de remarques.
En effet, il est impossible de nier les progrès techniques fulgurants qui ont été faits dans le domaine de la traduction automatique des langues (TAL). Si l’on prend l’exemple du désormais célèbre Google Translate, l’ajout et le perfectionnement des reconnaissances vocale et textuelle font désormais de lui un outil bien plus poussé qu’il y a dix ans, où ses erreurs syntaxiques étaient régulièrement pointées du doigt. Certes, le système demeure encore aujourd’hui imparfait, mais il permet tout du moins de restituer le sens général d’une phrase ou d’un texte.
Depuis, son accessibilité et son ergonomie ont permis à des millions de personnes de se rapprocher de langues étrangères, quand bien même, ils ne les maîtriseraient pas, ce qui peut avoir tendance à décrédibiliser le métier de traducteur. C’est un phénomène que l’on a notamment pu observer dans le sous-titrage amateur d’œuvres audiovisuelles, effectué en grande partie avec des logiciels de TAL, qui donne parfois des résultats plus que mitigés.
Vers une alliance entre les nouvelles technologies et le traducteur
Toutefois, comme le rappelle un article de Beelingwa, les technologies liées à la TAL sont pour le moment un outil qui, couplé au traducteur, se contente de l’assister dans son travail. De plus, la traduction automatique des langues reste un élément tout à fait minoritaire dans l’univers professionnel du traducteur : les logiciels dits de traduction assistée par ordinateur (TAO) tels que Omega T sont largement privilégiés. Le but de ces logiciels est, comme leur nom l’indique, d’assister le traducteur, sans le remplacer. Ainsi, le développement de la TAO a permis au fil des ans de faciliter la tâche du traducteur et de rendre son métier plus ergonomique. Loin des heures passées à feuilleter des dictionnaires papier sans trouver de réponse, les logiciels de TAO suggèrent des traductions pour certains mots techniques ou s’inscrivant dans un champ disciplinaire précis. Ces logiciels peuvent également disposer d’une mémoire enregistrant les traductions précédemment soumises par le traducteur : le but est ainsi de contribuer à une traduction plus rapide. Tous ces outils, loin de substituer le rôle du traducteur, ont depuis des années contribué à l’amélioration de ses conditions de travail.
Le traducteur : un cerveau et un recul irremplaçables
Ainsi, l’informatique semble encore aujourd’hui un simple outil qui n’est efficace que lorsqu’il est couplé au traducteur, mais qui ne peut fournir de résultats vraiment satisfaisants seul.
On peut imaginer qu’il faudra encore attendre de nombreuses années pour que les machines atteignent le niveau de perfectionnement d’un cerveau humain. Mais pourquoi ce dernier est-il, à l’heure actuelle, toujours irremplaçable dans un contexte de traduction ? Comme le souligne très justement un article du blog daté du 13 janvier 2020, « Traduire, c’est d’abord offrir au lecteur une interprétation d’un texte. ».
Ici, on sort du cadre de la grammaire théorique laborieuse que les machines savent rigoureusement appliquer : on en appelle au ressenti du traducteur, à ce qu’il comprend du texte, à partir de son vécu et de ses expériences par rapport à la langue. Tous ces paramètres sont malheureusement inconnus aux logiciels de TAL ou de TAO,
qui se contentent de suivre un protocole mécanique, sans aucune intervention humaine dans le processus.
Le traducteur et le localisateur de surcroît sont avant tout des adaptateurs. Plus que traduire, ils adaptent le texte d’une langue source à une langue cible, quitte à parfois modifier le texte d’origine, le raccourcir, le simplifier. La traduction mot à mot, souvent en vigueur avec les logiciels de TAL, n’a pas de sens quand il s’agit d’adapter des références culturelles ou des expressions, qui, dans la langue source, n’évoquent rien de particulier.
On peut dire que le traducteur est une passerelle entre le texte d’origine et son destinataire, son rôle étant de mettre en application ses connaissances non seulement sur une langue, mais également sur une culture étrangère : à l’heure actuelle, les machines ne possèdent pas encore ce recul culturel nécessitant par ailleurs une certaine sensibilité humaine. Ainsi, quand bien même des progrès technologiques seraient faits dans le domaine de l’intelligence artificielle, l’homme aura sûrement encore longtemps une place privilégiée dans le processus de traduction.